Les chroniques de Julien 3 – 17 juin
Bonjour à toutes et à tous,
Dans la chronique de cette semaine, j’aimerais vous partager ce que j’ai appris sur les bienfaits du
paillis pour le sol et par conséquent pour les récoltes, mais aussi sur « la faim d’azote ».
Les types de paillis
Tout d’abord il faut savoir qu’il existe plusieurs sortes de paillis, qu’on peut définir comme « une
couche de matériau protecteur posée sur le sol, principalement dans le but de modifier les effets du climat
local ».
Le paillis
Bien sûr, tout le monde connaît le paillis de copeaux de bois qu’on trouve en sacs dans le commerce et
qu’on met sur ses plates-bandes de fleurs afin de faire joli. Toutefois, il ne faut pas utiliser ce paillis
traité et parfois coloré dans son jardin de légumes et de fines herbes.
Pour le jardin de légumes, il faut trouver un paillis non traité. On peut s’en procurer auprès des
émondeurs qui sont généralement contents de s’en débarrasser. Là encore, il faut faire la distinction
entre plusieurs sortes de paillis : le paillis de cèdres et le paillis de feuillus (cf BRF : boir raméal
fragmenté). Les paillis à base de conifères sont plus acides lorsqu’ils se décomposent, c’est pourquoi il
est préférable de recourir au paillis de feuillus.

Les autres formes de paillis peuvent être les feuilles mortes (broyées), la paille et le gazon (non traité)
fraîchement coupé qui ont l’avantage de se décomposer plus rapidement que le paillis de bois donc
d’apporter des nutriments plus rapidement au sol.
Il existe également des paillis synthétiques (à base de verre par exemple) mais ceux-ci sont moins
bénéfiques pour le sol que les variétés de paillis organiques puisqu’ils ne se décomposent pas.
Les bienfaits du paillis
Étendre du paillis dans le jardin comporte plusieurs avantages.
Tout d’abord, cela réduit considérablement la quantité de mauvaises herbes dans votre jardin. En effet,
le paillis étouffe les mauvaises herbes et empêche les semences indésirables de pénétrer dans le sol et
de se développer. S’il n’y a pas de mauvaises herbes, vos plantes n’auront pas besoin de
compétitionner avec elles pour avoir de l’eau et des nutriments provenant du sol. De plus, cela vous
sauvera également beaucoup de temps de désherbage !

Ensuite, le paillis conserve très bien l’eau dans le sol et le garde bien humide. Par exemple, au jardin
intermunicipal Boucherville-Varennes, où nous participons maintenant tous les mardis soir aux travaux
des jardins avec les membres du collectif21, le sol est très argileux et dur comme de la roche. Pourtant,
le sol de toutes les parcelles du labo de permaculture est très humide (sans arrosage), malléable et
plein de vers de terre! (La présence d’insectes et de vers dans le sol témoigne d’un sol en santé et riche
en nutriments!) Et ce, grâce au paillis!
On peut encore ajouter que le paillis protège les racines contre le gel et le dégel, en plus de stabiliser
les changements journaliers et saisonniers de température.
Finalement, comme je l’ai dit plus tôt, le paillis offre des nutriments aux plantes. En effet, lorsqu’il est
totalement décomposé, il donne beaucoup d’azote aux plantes (l’azote étant l’un des nutriments les
plus importants pour la croissance des plantes) !

Comment installer son paillis et quand ?
Idéalement et quand on a du temps, le processus doit être démarré au moins un an à l’avance pour
que la décomposition soit à son meilleur.
Au printemps ou éventuellement à l’automne, on prépare la parcelle qu’on veut cultiver de la façon
suivante (pas besoin de désherber avant). On commence par étaler du carton non ciré. Attention, il
faut 3-4 couches de carton minimum, et il est important que les cartons se chevauchent, car toute
« fente » entre deux cartons provoquera l’apparition de mauvaises herbes. Ensuite, on recouvre le tout
d’un bon pied de paillis (idéalement de feuillus). Ensuite, on n’y touche plus jusqu’à l’année suivante.
On évite de marcher sur la planche qui sera cultivée ultérieurement afin de ne pas tasser le paillis.
Mardi dernier, nous avons eu l’occasion de planter des tomates dans une planche préparée de cette façon l’an dernier.
La qualité du sol était impressionnante, comme en témoignent les photos ci-
dessous.

Lorsqu’on voit les résultats et les récoltes au labo de permaculture, on se dit que cette technique est
vraiment efficace. Le sol est riche et en santé, et du coup les plantes aussi, comme l’indique la couleur
des feuilles.
Quand on veut appliquer cette technique, mais cultiver la même année, ou ce que nous avons fait sur
notre lot 15 au jardin Duquet :
Dans notre cas, nous voulions cultiver dès cette année, et notre lot était couvert de mauvaises herbes
(ça en était décourageant juste à regarder et on ne serait jamais arrivé au bout). Nous avons donc étalé
quelques épaisseurs de carton non ciré directement sur les mauvaises herbes (en les couchant le mieux
possible sous le carton).
Ensuite, nous avons arrosé le carton et, dès que possible, étalé une couche de
paillis d’une épaisseur de 5 à 7 cm*. Nous avons arrosé régulièrement le tout pour accélérer le
processus de décomposition. Le carton combiné au paillis vont empêcher les mauvaises herbes
d’obtenir la lumière dont elles ont besoin pour survivre – on s’évite ainsi un désherbage fastidieux et
récurrent.

Après deux ou trois semaines, nous avons planté nos plants assez haut en dégageant le paillis et en
faisant un trou dans le carton afin d’atteindre la terre sous le carton. Il est vraiment important de
planter directement dans la terre et non dans le paillis car sinon la plante ne survivra pas. Il est
impossible par ailleurs de semer quoi que ce soit sur cette parcelle. Nous y avons donc mis des
tomates, des poivrons, des choux, des aubergines… Et nous espérons obtenir de belles récoltes cet
été !
*Dans le cas d’une plantation la même année, nous ne pouvions pas mettre 30 cm de paillis au printemps à cause de la « faim d’azote ».
Toutefois, en fin de saison, lorsque les récoltes seront faites, nous remettrons une couche de paillis de 30 cm environ, qui préparera notre lot pour l’an prochain.
La faim d’azote : c’est quoi et comment limiter ses impacts
La faim d’azote se produit lorsque les champignons, bactéries et autres micro-organismes
décomposent la matière organique. Ces microorganismes ont besoin de la fraction carbonée d’azote
afin de « digérer » la matière organique. Les micro-organismes entrent donc en compétition avec les
plantes pour puiser l’azote présent dans le sol qui leur est essentiel au début du processus de
décomposition. La faim d’azote est caractérisée par un jaunissement des feuilles causé par le manque
d’azote. La faim d’azote peut également être causée par les températures froides puisque les enzymes
des plantes qui interviennent lorsque l’azote se libère sous forme de nitrate (azote utilisable pour les
plantes) fonctionnent moins bien lorsqu’il fait froid, dans ce cas il faut simplement attendre un redoux.

La meilleure façon de limiter la faim d’azote est de s’assurer que la matière organique reste en surface
de la terre et non mélangée avec, il faut également s’assurer de bien planter à l’intérieur du sol et non
dans le paillis sinon rien ne poussera. Pailler à la fin du printemps est également bon puisque les
plantes ont déjà bien développé leur feuillage et c’est la croissance des feuilles qui requiert le plus d’azote.
J’espère que cette chronique vous aura inspiré à pailler votre jardin et je vous dis à la semaine prochaine pour une nouvelle chronique!
Julien